mardi 1 septembre 2009

Les transfusions sanguines causent du tort à certains patients

Suivant les commandements bibliques, les Témoins de Jéhovah n’acceptent pas de transfusion. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils refusent la médecine, y compris la chirurgie lourde.Actuellement, certains chirurgiens et anesthésistes se posent la question de savoir si tous les patients ne devraient pas recevoir un traitement identique. Ces dernières décades, plusieurs études ont démontré que, loin de sauver des vies, les transfusions sanguines peuvent être dommageables à de nombreuses personnes.Le problème n’est pas tant la contagion par des agents infectieux, bien connue du public, mais le sang lui-même. Etude après étude, on se rend compte que les transfusions sont indéniablement liées à des taux de décès plus élevés, même si on ne comprend pas encore exactement pourquoi.« Probablement 40 à 60 % des transfusions sanguines ne sont pas bonnes pour les patients », dit Bruce Spiess, anesthésiologiste cardiaque à la Virginia Commonwealth University de Richmond.On a commencé à faire usage de sang à des fins médicinales pendant les deux guerres mondiales. Il servait à sauver les soldats en urgence. Aujourd’hui, les transfusions se font en plus petites quantités, et concernent du sang préalablement stocké. Il sert à stabiliser le taux d’hémoglobine du sang.L’étude canadienne [réalisée en 1999] a démontré que moins de patients mouraient à l’hôpital, à hauteur de 22 contre 28 %, si on leur administrait des transfusions uniquement en cas de chute du taux d’hémoglobine en-dessous du seuil de 70 grammes par litre, plutôt qu’en cas de chute sous la barre des 100 grammes par litre [comme on le fait en général].Une étude plus récente a montré que chez les patients ayant subi une attaque cardiaque et dont le taux d’hématocrite est supérieur à 25 %, une transfusion est associée soit à un risque de décès multiplié par trois, soit à une deuxième attaque cardiaque endéans les 30 jours, par rapport aux patients non transfusés (Journal of the American Medical Association, vol. 292, p. 1555).Une étude similaire conduite au Royaume-Uni a même rapporté un chiffre de décès dans les 30 jours 6 fois supérieur à celui des patients non transfusés.« Il n’existe pratiquement aucune étude de qualité dans le domaine de la chirurgie ou des soins intensifs – hormis dans des situations de saignement tellement important qu’il entraîne la mort – qui fasse l’éloge des transfusions sanguines, et elles sont au contraire nombreuses à souligner leur nocivité », explique Gavin Murphy, directeur de l’étude anglaise et chirurgien cardiaque au Bristol Heart Institute.L’American Society of Anesthesiologists (et d’autres tout aussi importantes) a incité ses membres à faire preuve de retenue dans l’utilisation du sang. Cependant, des experts déplorent le manque d’application de ces conseils, et vont jusqu’à souhaiter de plus grandes restrictions en matière d’utilisation médicale du sang. Pour eux, les transfusions ne devraient être effectuées qu’en tout dernier recours.James Isbister, du Royal North Shore Hospital de Sidney et conseiller de la Croix Rouge australienne, explique qu’habituellement, tant qu’un produit n’a pas prouvé son efficacité, il n’est pas utilisé, mais qu’avec le sang c’est l’inverse.Il apparaît aujourd’hui que les transfusions ont une influence négative sur le système immunitaire du receveur.« Plus les patients reçoivent de sang, plus ils ont de chances d’être infectés », affirme Mary Rodgers, de l’University of Michigan à Ann Arbor. Elle a étudié les effets des transfusions sur les opérés du cœur aux Etats-Unis.Les experts ne disent pas qu’il faut arrêter de donner son sang ; il est utile en cas d’urgence et pour fabriquer divers produits médicaux.