dimanche 7 mars 2010

Refus de transfusions sanguines : appels en faveur d’une nouvelle approche

Une conférence tenue au Coombe Women and Infants’ University Hospital de Dublin, en Irlande, a mis l’accent sur l’importance d’établir une plus grande cohérence de l’approche des hôpitaux par rapport à la gestion des patients qui refusent la transfusion sanguine.

Belinda Slator, Témoin de Jéhovah, a expliqué que ses coreligionnaires sont souvent regardés avec étonnement par le personnel médical lorsqu’ils déclarent ne pas souhaiter être transfusés, du fait de leur religion. « On entend tout le temps des phrases du style ‘Vous voulez dire que vous préféreriez mourir, en fait ?’ ou ‘Vous laisseriez mourir votre enfant ?’ Ces questions reviennent encore et encore. »

Mme Slator a poursuivi en disant que les Témoins de Jéhovah étaient considérés comme des gens qui pratiquent le ‘lavage de cerveau’. Cette réflexion est compréhensible quand elle est faite par des personnes du public, peu informé sur cette religion, « mais que quelqu’un du corps médical ait ce genre d’opinion, voilà qui est incroyable, car eux ont accès à des informations plus précises. »

Elle-même a trois enfants, dont un nouveau-né, et n’a connu qu’une seule expérience de ce genre à l’hôpital. « Quand une infirmière a appris mes convictions, elle est devenue très distante et ne m’a plus jamais regardé droit dans les yeux. »

Mme Slator a confié cela après avoir donné la conférence organisée pour discuter du besoin d’établir des recommandations nationales dans les domaines de l’obstétrique et de la gynécologie.

Le Dr Deirdre Madden a déclaré que les lois ont claires : tout refus d’un traitement médical de la part d’un adulte responsable doit être respecté. Elle aussi a plaidé en faveur de recommandations nationales dans ce domaine. « Quand c’est possible, l’administration de l’hôpital, les cliniciens et les patients devraient avoir à l’avance une discussion ouverte sur l’utilisation adéquate d’alternatives aux produits sanguins, ainsi que des niveaux de risque et d’implication des personnes », a-t-elle dit.

Mark O’Malley, Témoin de Jéhovah coordinateur de comités de liaisons hospitaliers, a expliqué qu’avoir ce genre de conversation entre patients et médecins avant l’opération est crucial pour éviter tout conflit par après. Il a souligné que si les Témoins ne souhaitent pas recevoir de sang allogène ou d’un de ses quatre composants majeurs, toute autre décision est du ressort de la personne elle-même.

La conférence a abordé les problèmes qui se posent au personnel médical quand, dans un couple, le mari et la femme ne partagent pas les mêmes convictions religieuses. Selon le Dr Madden, dans le cas où une femme enceinte est Témoin de Jéhovah mais pas son mari, c’est elle qui décide en dernier lieu du traitement médical employé dans son cas.

Pour le Pr John Bonnar, obstétricien et gynécologiste consultant, il peu arriver que des patients subissent une pression de la part des dirigeants religieux de façon à refuser un traitement. Quant au professeur d’obstétrique Deirdre Murphy, il explique que le personnel peut se sentir mal à l’aise lorsque des membres des comités de liaison hospitaliers viennent à l’hôpital, leur impression étant que ces derniers viennent mettre la pression au patient.

Mr O’Malley a donc expliqué que les membres de ces comités ne se rendent à l’hôpital qu’à la demande du patient, et qu’ils ne prennent jamais de décision à sa place. C’est que le patient a quelquefois besoin d’un soutien spirituel.

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