vendredi 18 septembre 2009

L’hôpital Beaufort Memorial réduit le nombre de transfusions sanguines effectuées

Quand on observe les soins donnés aux patients montrant des signes d’anémie admis à l’hôpital, on se dit que les transfusions sanguines pourraient bien devenir un traitement de dernier recours. Et ce, dans un avenir proche.

La transfusion sanguine, procédé largement employé, tombe petit à petit en disgrâce. En effet, des preuves de plus en plus nombreuses indiquent que cette technique comporte de sérieux risques et qu’elle n’est que rarement médicalement nécessaire.

De plus en plus d’hôpitaux, parmi lesquels les leaders Johns Hopkins, Cleveland Clinic et Duke University Medical Center, ont lancé des programmes de conservation sanguine destinés à ne recourir aux transfusions qu’en cas de cas de vie ou de mort.

« Désormais, il est clair pour tout le monde que transfuser des patients n’apporte pas nécessairement de bons résultats », explique le Docteur Brad Collins, du Charleston Pathology, partisan d’une gestion plus stricte du sang. « Une transfusion, c’est comme une transplantation. On introduit une substance étrangère, provenant d’un autre être humain, dans le corps d’une personne. La réaction naturelle du corps est de la rejeter. »

Les transfusions sanguines sont un traitement de routine pour les victimes de traumatismes, de cancer, en cas de chirurgie et encore dans d’autres situations. Chaque année, aux Etats-Unis, plus de 30 millions de produits sanguins sont transfusés. Mais ce n’est que cet été qu’une poignée de centres médicaux et d’agences fédérales (aux USA) ont entamé un programme pilote pour en traquer les effets néfastes.

Le Dr Collins, qui travaille comme Directeur médical des laboratoires du Beaufort Memorial Hospital, a collaboré avec des administrateurs d’hôpitaux pour placer son institution à la tête du mouvement axé sur la conservation sanguine. En mai 2008, l’hôpital a lancé son propre programme, devenant ainsi le premier fournisseur de soins de la région à offrir un panel de stratégies adaptées et d’outils pouvant être employés comme des alternatives aux transfusions allogènes. Jusqu’ici, cette action a permis de réduire l’usage de sang du Memorial de 16 %.
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« Le but n’est pas de compter ne nombre de poches qu’on transfuse », explique le Dr Collins. « Notre objectif numéro un est d’optimiser le résultat final et de fournir de meilleurs soins. »

Alors que les avancées technologiques en matière de test sanguin ont virtuellement éliminé le risque de transmission du VIH et de l’hépatite, on ne peut pas en dire autant d’autres maladies infectieuses et de certains virus. Les pathogènes récemment découverts constituent aussi un danger pour les stocks de sang.

Et, bien sûr, le risque d’erreur humaine demeure. En cas de mort suite à une transfusion, la cause la plus fréquente est l’administration de sang incompatible. D’après des estimations, de son don jusqu’à son administration au patient, une unité de sang passera par 17 personnes différentes.

Le Programme de conservation du sang de Beaufort offre aux patients des traitements alternatifs à la transfusion, ce qui inclut des suppléments en fer et des injections d’hormones synthétiques qui stimulent la production des globules rouges de la personne elle-même, de la vitamine C pour améliorer l’absorption du fer, et des piqûres de vitamine B12 et d’acide folique pour, une fois encore, stimuler la formation des globules rouges.

« L’idée est de mettre le corps à contribution », dit la coordinatrice du Programme, Terry Libby, une infirmière qui a reçu des cours intenses en matière de conservation sanguine au Bloodless Medicine and Surgery Institute de l’hôpital de Cleveland, dans l’Ohio. « Virtuellement, votre corps devient votre propre réserve sanguine. Si nous parvenons à aider nos patients à renouveler leurs propres réserves, nous pourrions éviter de les transfuser, et donc éviter de prendre des risques. »

Dans la salle d’opération, les médecins du Memorial emploient plusieurs outils et techniques pour réduire les pertes sanguines. Citons la chirurgie par laparoscopie assistée par robotique, des scalpels spéciaux ou encore un appareil « cell saver » utilisé pour collecter et recycler le sang du patient pendant l’opération.

« On emploie tout ce qui est approprié pour la personne, en se basant sur sa condition clinique », poursuit Mme Libby. « Combinées, toutes ces techniques peuvent grandement influencer le cours de l’opération. »

Il existe une autre stratégie, appelée « mini-échantillonage[1] », qui tient dans le fait de prélever de minuscules échantillons sanguins au lieu d’employer les tubes standard, plus grands.

« C’est surtout important pour les patients en soins intensifs et en séjour prolongé à l’hôpital », précise Mme Libby. « Avec les tubes standard, ces patients peuvent perdre une moyenne de une à deux unités de sang pendant leur séjour. Cette technique permet de préserver une bonne part de leurs propres réserves sanguines. »

En plus d’optimiser les conséquences de l’hospitalisation et de réduire le coût des soins, une approche plus conservatrice des transfusions sanguines économise du sang, ce qui permet par la suite de l’administrer à des patients qui en ont vraiement besoin.

« Les transfusions ont leur place », affirme le Dr Collins. « Quand quelqu’un saigne fortement, seule une transfusion peut lui sauver la vie. Mais nous essayons au maximum de traiter les patients avec leur propre sang. »

[1] Micro-sampling
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