jeudi 6 août 2009

Un camouflet pour George Fenech

Georges Fenech voulait à tout prix publier une nouvelle liste de « sectes » qu’il appelait pudiquement « référentiel » sachant l’opposition que ce projet suscitait. Matignon vient de lui infliger un camouflet en refusant la publication de cette liste. Elle ne sera accessible qu’à des « professionnels » en faisant la demande. Toutefois, nous ne nous faisons guère d’illusion : quand on voit le peu de cas qui est fait du secret de l’instruction en France, personne ne peut croire que la fameuse liste restera longtemps réservée aux seuls « professionnels ».

En février 2008, Le Parisien, le Canard Enchaîné et Le Monde avaient fait part des vives oppositions au sein du gouvernement que le projet de liste de Georges Fenech suscitait. Le 13 février, le journal Le Parisien révélait en ces termes le bras de fer entre le président de la Miviludes et la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie :

« La semaine dernière, Matignon a en effet reçu un courrier signé de Michèle Alliot-Marie, réclamant aux services de François Fillon de bien « cadrer » l’action de la Miviludes, après que son président, fin janvier, a émis l’idée de proposer une nouvelle orientation de la politique suivie par sa mission. Plus qu’une nouvelle orientation, en réalité, Georges Fenech a surtout l’intention d’émettre de nouveau une liste, sur le modèle de celle que la commission d’enquête parlementaire de 1995 avait établie et qui n’avait pas manqué de placer la France, au sein des instances internationales, comme une pourfendeuse de la liberté de conscience. […] Place Beauvau, le fait d’exhumer le principe même d’une « liste noire » ne passe pas. […] La ministre de l’Intérieur fait part, dans ce courrier adressé à François Fillon, de son « étonnement » face à ce changement de cap de la part de la Miviludes, « sans concertation interministérielle préalable », et pointe sévèrement du doigt la démarche : atteinte à la liberté de conscience, retour en arrière, fragilisation de la France sur la scène européenne et internationale, pointée du doigt, notamment, à chaque rapport du département d’Etat américain, mais aussi de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) sur son intransigeance en matière de liberté religieuse. « La liste, c’est le sujet qui fâche », lâche un observateur averti. »

Le Canard écrivait le 18 février 2009 : « Georges Fenech, président de la Miviludes, s’est fait taper sur les doigts par Fillon et Alliot-Marie réunis. Motif : il voulait établir une liste des sectes opérant en France. Exercice périlleux, propice aux bavures et aux condamnations par divers tribunaux internationaux […]. » Quant au journal Le Monde, dans un article daté du 6 avril 2009 intitulé « Lutte contre les sectes : les orientations de Georges Fenech continuent de susciter des craintes », la journaliste, Stéphanie Le Bars écrivait à propos du projet de liste : «Mêmes réserves au ministère de l’intérieur qui, au nom de la ‘liberté de conscience’, préfère une politique axée sur la répression d’infractions pénales avérées à la stigmatisation de mouvements potentiellement sectaires. […] ».

Il est intéressant de noter que cette idée de liste de « sectes » publiée par un gouvernement a germé la première fois dans l’esprit des nazis. Le 28 février 1933, le gouvernement du troisième Reich dirigé par Adolf Hitler, établissait une liste de « sectes » interdites au nom de « la protection du peuple et de l’Etat ». Parmi les mouvements interdits figuraient les Témoins de Jéhovah, les anabaptistes, les adventistes du septième jour, les Bahaïs et des églises pentecôtistes. On connait l’aversion de Georges Fenech pour les Témoins de Jéhovah. Le 2 septembre 2008, le journal La Croix décrivait cette aversion en ces termes : « Sur un tout autre plan, c’est l’attitude de Georges Fenech vis-à-vis des mouvements potentiellement sectaires qui inquiète. En 2006, il présidait la commission d’enquête sur l’influence des sectes sur les mineurs. Lors de la remise de son rapport, cette commission s’était livrée à un véritable réquisitoire contre le gouvernement, l’accusant de négligence, suspectant ouvertement le Bureau des cultes de complaisance envers les Témoins de Jéhovah, faisant état de chiffres alarmants – et invérifiables –quant au nombre d’enfants élevés dans un contexte sectaire. Pour le sociologue Raphaël Liogier, directeur de l’Observatoire du religieux d’Aix-en-Provence, le nouveau président de la Miviludes est « un homme qui est toujours parti en croisade contre les nouveaux mouvements religieux, qu’il considérait comme dangereux du fait de leurs bizarreries ». « Il a une vision inquisitoriale de la lutte contre les sectes » affirme Claude Baty.[ndlr : président de la Fédération protestante de France]. »

Dommage pour Georges Fenech qu’on soit encore en démocratie et que la Justice puisse encore dire son dernier mot !
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Les Témoins de Jéhovah de France se sentent mieux acceptés

Cliquez ici pour lire ce reportage de La Croix.

Situation des Témoins de Jéhovah au Nigéria

Le paragraphe 38(1), chapitre IV, de la Constitution de la République fédérale du Nigéria (Constitution of the Federal Republic of Nigeria) énonce ce qui suit quant à la liberté de religion :

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, y compris à la liberté de changer de religion ou de croyance et à la liberté (soit seule ou collectivement, en public ou en privé) de manifester et de propager sa religion ou sa croyance par le culte, l'enseignement, la pratique et l'accomplissement de rites (1999).

Selon l'International Religious Freedom Report for 2007 du Département d'État des États-Unis, au Nigéria, même s'il y a eu des « cas isolés d'injustice sociale » envers les Témoins de Jéhovah qui n'ont pas pris part aux « associations [locales qui regroupent les gens] par tranches d'âge », les adeptes de ce mouvement étaient généralement acceptés dans leur communauté et pouvaient pratiquer librement leur religion (14 sept. 2007). De même, selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2008 du Département d'État des États-Unis, au Nigéria, il y a eu « quelques cas d'injustice sociale et de discrimination » envers des Témoins de Jéhovah qui, pour des motifs religieux, ne se sont pas joints à des associations locales (25 févr. 2009). L'International Religious Freedom Report for 2008 ne signale aucun cas d'injustice ou de discrimination envers des Témoins de Jéhovah au Nigéria (18 sept. 2008). Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement additionnel sur la violence faite aux Témoins de Jéhovah ou sur la protection qui leur est offerte par l'État.
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Situation des Témoins de Jéhovah en Israël

Certains médias affirment que le prosélytisme est illégal en Israël (AP 24 sept. 2007; Israel Faxx 6 mai 2008). Toutefois, selon plusieurs autres sources, comme Droits de l'homme sans frontières (DHSF) et l'International Religious Freedom Report 2007, la législation israélienne permet le prosélytisme en autant qu'il n'implique pas de coercition sous forme d'incitations économiques.
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Selon le bureau central de statistiques d'Israël (Israel's Central Bureau of Statistics – CBS), 152 000 chrétiens vivaient au pays en décembre 2007, représentant ainsi 2,1 p. 100 de la population au pays (The Jerusalem Post 26 déc. 2007; É.-U. 14 sept. 2007, sect. I).
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En juin 2007, l'organisation Yad L'Achim a annoncé qu'elle avait contrecarré les plans d'une congrégation missionnaire visant à ouvrir un bureau au coeur de Jérusalem (Yad L'Achim 24 juin 2007). Selon l'International Religious Freedom Report 2007, les témoins de Jéhovah et les Juifs messianiques ont accusé Yad L'Achim d'avoir [traduction] « harcelé et parfois agressé certains de leurs adeptes » (É.-U. 14 sept. 2007, sect. III).
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Environ 2 500 témoins de Jéhovah habitent en Israël.
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Meir Cohen, coordonnateur du service anti-missionnaire de Yad L'Achim, affirme que son organisation reçoit une dizaine d'appels par jour de la part de personnes se plaignant des activités des témoins de Jéhovah (Haaretz 28 mars 2008). Selon Yad L'Achim, les témoins de Jéhovah [traduction] « [ciblent] les membres de la société les plus vulnérables, y compris les nouveaux immigrants, les pauvres et les personnes handicapées » (ibid.). Toutefois, David Namer, un représentant des témoins de Jéhovah en Israël, affirme quant à lui que [traduction] « leur mouvement ne tient pas compte des différences ethniques et socioéconomiques » (ibid.).
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En février 2007, une cour de district à Haïfa a statué que le centre des congrès de Haïfa devait louer ses installations aux témoins de Jéhovah, leur permettant ainsi de présenter des conférences religieuses et de donner de l'information concernant leur religion (DHSF 12 févr. 2007). En réaction à ce verdict, l'ancien ministre de la Justice, Yaakov Neeman, a affirmé qu'une telle décision [traduction] « ouvrait la voie aux groupes missionnaires comme les témoins de Jéhovah pour exercer leurs activités en Israël » (ibid.).
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